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Les vitraux, symboles du divin

La lumineuse basilique cathédrale Saint-Denis, surnommée la Lanterne (Lucerna) jusqu’au XVIIIᵉ siècle, abrite un ensemble de vitraux exceptionnels. Venez admirer leurs détails et leurs couleurs !

Le vitrail, un art de lumière

Au XIIe siècle, l’abbé Suger, qui fait reconstruire l’abbatiale, décide de transformer celle-ci en un véritable temple de lumière. Les différentes chapelles rayonnantes du chevet accueillent d’immenses verrières colorées.

Arrêtons-nous un instant sur l’architecture à cette époque. L’heure est au mouvement gothique, avec ses parois élancées de plus en plus hautes. Les bâtisseurs du gothique ont cherché, par l’évidement des murs et les verrières colorées, à matérialiser les correspondances entre le divin et la lumière que l’on trouve dans de nombreux textes médiévaux. Et les vitraux participent à cette sensation, tout en délivrant un message iconographique fort. 

L’église ressemble de plus en plus à la Jérusalem céleste décrite par saint Jean dans l’Apocalypse (XXI, 10-24) : « Elle avait l’éclat d’une pierre très précieuse, telle que du jaspe cristallin. […] La muraille était construite en jaspe et la ville était d’or pur comme du cristal ; les soubassements du mur de la ville étaient diaprés de toutes sortes de pierres précieuses […]. La ville n’a d’ailleurs besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine et sa lampe est l’Agneau. »

Suger, lors de la pose de la première pierre du chevet le 14 juillet 1140, écrit que certains déposent des pierres précieuses par amour pour Jésus-Christ et en chantant : « Tous tes murs sont des pierres précieuses. »
 

La nef XIIIe siècle de la basilique

© Centre des monuments nationaux

Les vitraux du XIIᵉ siècle

Les plus anciens vitraux, mis en place avant 1144, illustrent les liens entre des scènes de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament à travers le Christ qui en est le trait d’union. Ils favorisent la réflexion et la méditation des moines érudits de l’abbaye. C’est le cas, notamment, de l’Enfance du Christ, de l’Arbre de Jessé, ou des vitraux dit anagogiques, c'est-à-dire « qui conduisent vers le haut ».

Ces vitraux commandés par Suger au XIIe siècle sont transportés et présentés au Musée des monuments français. Ils sont ensuite remontés partiellement au cours du XIXe siècle, sous la direction de l’architecte Debret, puis de Viollet-le-Duc.

Les vitraux du XIIe siècle sont déposés en 1997, puis restaurés, mais trop fragiles pour revenir dans la basilique. En avril 2023 de magnifiques copies en verre redonnent toute sa splendeur au chevet de la basilique !

L’annonciation, XIIe siècle. L’abbé Suger est allongé en prière au pied de la Vierge

© LRMH

Des scènes religieuses et historiques

Lors de la Révolution française, de nombreux vitraux sont démantelés pour en récupérer le plomb. Ceux des parties hautes sont entièrement refaits au milieu du XIXe siècle sous la direction de l’architecte François Debret.

Les vitraux des fenêtres hautes du chevet, réalisés au XIXe siècle, représentent la légende de Saint-Denis, ainsi que des épisodes de l’histoire de la basilique. De même, les verrières du triforium de la nef évoquent la vie des papes, des rois et des reines de France.

Enfin, la rose Sud, restaurée en 2021, illustre la Création selon le texte biblique, avec la figure de Dieu au centre, entouré des six jours de la création, d’anges et des signes du zodiaque. Tout autour, sont évoqués les différents travaux agricoles réalisés sur une année. Petite anecdote : cette rose de plus de douze mètres de diamètre aurait servi de modèle à celle de Notre-Dame de Paris !

Splendides, les vitraux de la basilique Saint-Denis font du monument un lieu baigné de lumière, propice au recueillement. 

La rose nord de la basilique, l’arbre de Jessé, vers 1840

© François Debret / Centre des monuments nationaux

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