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Le tombeau d’Henri II et de Catherine de Médicis

Le tombeau d’Henri II et de Catherine de Médicis est l’un des plus majestueux édifices funéraires de la basilique Saint-Denis. Explorez l’histoire de ce monument fascinant, au cœur de la nécropole royale.

À la découverte de la rotonde des Valois

Fils de François Ier, le futur Henri II épouse Catherine de Médicis, duchesse d’Urbino, en 1533. Il est couronné en 1547, perpétuant la dynastie des Valois-Angoulême. Cependant, il reçoit accidentellement un éclat de lance dans l’œil au cours d’un tournoi, le 30 juin 1559. Il meurt 10 jours plus tard, malgré les efforts des médecins dont le célèbre Ambroise Paré. Devenue régente de France, Catherine de Médicis continue de porter le deuil de son mari.

En 1559, la conception d’une chapelle funéraire à l’extérieur de la basilique Saint-Denis, nécropole royale, est confiée par la reine à un artiste italien, le Primatice. Catherine souhaite en faire un mausolée, destiné à accueillir la sépulture d’Henri II et celles à venir de leurs enfants. Mais à la mort de Primatice en 1570, la chapelle reste à édifier. Elle n’est entreprise qu’en 1572, suivant le projet d’un architecte français, Jean Bullant, qui disparaît à son tour en 1578, alors que l’édifice ne dépasse pas le rez-de-chaussée. Il est alors remplacé par Baptiste Androuet du Cerceau qui édifie le premier étage en modifiant considérablement le projet antérieur.

Le bâtiment prend la forme d’une gigantesque rotonde de 30 mètres de diamètre, accolée au bras nord du transept de la basilique. Son style composite, où les références à l’Italie, à la France et à l’Antiquité romaine sont mêlées, tranche avec la silhouette médiévale de cette dernière.

Vue de la rotonde des Valois par Jean Marot

© Archives départementales

Une architecture de la renaissance exceptionnelle

Le plan centré de cette chapelle, une rotonde sur laquelle viennent se greffer six chapelles latérales rappelle, à plus petite échelle, les projets pour la grande église de Saint-Jean des Florentins à Rome. À la Renaissance, on estimait que cette forme était très adaptée pour les monuments consacrés aux grands hommes et aux martyrs, le temple antique du Panthéon à Rome en offrant le plus bel exemple.

L’édifice, communément appelé « Notre-Dame-de-la Rotonde », devait être couvert par un dôme, mais celui-ci n’a jamais été exécuté car les travaux ont été interrompus lorsque la dynastie des Valois s’est éteinte en 1589, avec le dernier fils d’Henri II et Catherine de Médicis. Laissée à l’abandon par la suite, la rotonde des Valois finit par tomber en ruine.

En 1719, elle est démontée et le tombeau d’Henri II et de Catherine de Médicis, qui était placé en son centre, est rapatrié dans la basilique, puis de nouveau déplacé sous la Révolution pour figurer dans le musée des Monuments français à Paris, avant de revenir à Saint-Denis en 1816. Il n’a retrouvé sa place définitive qu’en 1863 et a donc connu quatre déplacements au cours de son histoire !

Aujourd’hui, une borne tactile installée près du tombeau vous permet d’admirer une restitution numérique de la rotonde détruite au XVIIIe siècle. Vous pouvez aussi vivre une expérience immersive unique en réalité virtuelle lors de visites programmées. Initié par le Centre des monuments nationaux, ce projet est soutenu par le groupe Dassault et l’Établissement public territorial Plaine Commune. 

Restitution de la Rotonde des Valois

© Art Graphique et Patrimoine / Centre des monuments nationaux

Un tombeau monumental

Majestueux, le tombeau d’Henri II et de Catherine de Médicis est conçu par Le Primatice, peintre et sculpteur nommé surintendant des bâtiments du roi. Il est ensuite réalisé par les sculpteurs Germain Pilon et Ponce Jacquio entre 1560 et 1572.

L’ensemble a des allures de temple antique. Le goût pour le marbre a connu un grand développement en France à partir du règne d’Henri II. Mais le mélange des matériaux était nouveau dans les années 1560, au moment où le projet du tombeau a été élaboré ; il n’avait guère d’exemple, même en Italie.

Sur le tombeau, le roi et la reine sont représentés deux fois, selon un principe de dédoublement que l’on trouve pour la première fois à Saint-Denis avec Louis XII et Anne de Bretagne.

Au sommet, le roi et la reine sont agenouillés, vêtus de leurs manteaux royaux, mais sans couronnes. Les gestes de ces priants sont aujourd’hui un peu difficiles à comprendre sans les prie-Dieu et les livres de prière qu’ils avaient devant eux. Si les mains jointes de Catherine de Médicis évoquent la prière, le mouvement d’Henri II est plus original : il porte la main à son cœur qu’il offre symboliquement à Dieu.

Les quatre statues en bronze aux angles du tombeau représentent les vertus cardinales, la Force, la Justice, la Tempérance et la Prudence. Leur réalisation est typique de l’art maniériste, un mouvement artistique de la fin de la Renaissance.

À l’intérieur du tombeau, les corps nus marquent l’humilité des souverains face à la mort. Cependant, les gisants d’Henri II et Catherine de Médicis ne sont plus des transis en décomposition comme pour Louis XII et son épouse, mais des corps magnifiques, qui reflètent la passion des artistes de la Renaissance pour l’anatomie. Si les visages des souverains sont réalistes, leurs corps presque nus sont très idéalisés : la posture de Catherine de Médicis s’inspire même d’un célèbre prototype antique, la Vénus Médicis. Par ailleurs, Catherine a refusé un premier gisant trop cadavérique, commandé à l’italien Girolamo Della Robbia, que l’on peut voir au musée du Louvre !

Tombeau d'Henri II et Catherine de Médicis, Vertu, La Tempérance, Germain Pilon

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

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