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Les gisants de la basilique

La nécropole royale de la basilique Saint-Denis compte plus de 70 gisants et tombeaux. On y découvre l’histoire de France en image. Venez admirer ces somptueux monuments funéraires sculptés à la mémoire des rois et des reines de France !

Une collection impressionnante de sculpture médiévale

43 rois, 32 reines, 60 princes et princesses, une dizaine de serviteurs de la monarchie sont inhumés dans l’ancienne abbatiale de Saint-Denis depuis Dagobert en 639 jusqu’à Louis XVIII en 1824.

Toutefois, les premiers gisants   datent du XIIIe siècle, du temps de Louis IX, le célèbre Saint Louis. En effet, celui-ci fait réaliser une série de seize sculptures à la gloire de ses lointains prédécesseurs mérovingiens, carolingiens ou capétiens enterrés à Saint-Denis. En parcourant le transept, vous pouvez admirer quatorze des seize monuments d’origine, initialement peints de couleurs vives, dont ceux de Pépin le Bref, de Berthe dite au « Grand pied » ou de Louis VI dit « le Gros ».

Aux XIVe et XVe siècles, les souverains capétiens et Valois, comme Philippe IV le Bel, Louis X le Hutin, Charles VI ou Isabeau de Bavière sont sculptés dans le marbre et représentés en costume de sacre avec couronne, sceptre et main de justice. Ils sont de plus en plus individualisés, ainsi le gisant de Charles V, réalisé de son vivant, est un véritable portait du roi Valois, bâtisseur du château de Vincennes.

Gisants de Charles VI et Isabeau de Bavière, marbre, XIVe siècle

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

Les gisants, la foi en la Résurrection

Des animaux, des lions et des chiens, symboles de force et de fidélité, apparaissent à leurs pieds. Toutes les effigies ont les yeux ouverts, signe de la foi en la Résurrection. Et les regards sont tournés vers l’Est, vers le soleil levant, symbole de la lumière divine et du Christ. 

Chose étonnante, on pratique l’inhumation tripartite du souverain (corps, cœur, entrailles) dans le but de mieux le conserver car parfois il mourait très loin de la nécropole royale ! Trois gisants sont ensuite réalisés dans trois lieux différents. Jugé plus noble, le corps, contenant le squelette, est inhumé à Saint-Denis, alors que les cœurs et les entrailles le sont souvent dans des églises parisiennes.

La basilique Saint-Denis abrite aussi d’autres personnages illustres, dont seuls les gisants ont été rapportés après la Révolution, comme Clovis, Childebert, Frédégonde, ou Charles Ier, duc d’Orléans, poète du XVe siècle.

Gisant de coeur de Charles d'Anjou, frère de Saint Louis, marbre, vers 1326

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

Les somptueux tombeaux de la Renaissance

Au XVIe siècle, les tombeaux de la Renaissance de Louis XII et Anne de Bretagne, François Ier et Claude de France Henri II et Catherine de Médicis sont monumentaux et influencés par l’architecture antique. Ils sont construits sur un nouveau modèle : à l'étage inférieur, les corps des souverains, les « transis », sont présentés nus et sans vie ; à l'étage supérieur, les mêmes personnages sont agenouillés, en prière, en quête du Paradis.

Certains noms vous semblent manquer à cette liste ? En effet, s’ils étaient bien inhumés à Saint-Denis, aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Bourbons, comme les célèbres Henri IV ou Louis XIV, n’ont jamais eu de tombeaux sculptés !

En octobre 1793, les corps royaux sont exhumés par les révolutionnaires afin de récupérer le plomb de leur cercueil pour fabriquer des balles pour la guerre. Ils sont ensuite entassés dans deux fosses communes du cimetière, près de l’église. En 1817, Louis XVIII fait rechercher les ossements et ordonne leur inhumation dans un ossuaire de la crypte, où on peut encore lire la longue liste des souverains de Saint-Denis. Il commande aussi deux statues funéraires dédiées à Louis XVI et à Marie-Antoinette dont il fait ramener de Paris les dépouilles.

Priants du tombeau de François Ier et Claude de France, marre, vers 1558

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

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