Arte y arquitectura
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À quoi ressemblait l’inhumation d’un roi de France ? La réponse se trouve à la basilique Saint-Denis, qui abrite la nécropole royale. Embaumement, exposition, réalisation d’un gisant : partez à la découverte des rites funéraires de nos anciens monarques.
L’embaumement est un rite funéraire consistant à utiliser différentes substances pour assurer la conservation d’une dépouille. C’est une pratique très ancienne : souvenez-vous des momies de l’Égypte antique !
Dans l’Europe médiévale, l’embaumement est beaucoup plus rudimentaire, il consiste à retarder la décomposition du corps en pratiquant l’éviscération. On incise la dépouille pour en extraire les viscères et y glisser des épices, des plantes et du sel pour assécher les tissus. On a même fait figurer sur les transis de Louis XII et Anne de Bretagne une incision au niveau de l’abdomen de laquelle sortent des vers !
Puis on oint le corps avec diverses plantes et du sel avant de l'envelopper de bandelettes. On retire aussi le cerveau du crâne qui est scié sur le pourtour. On se livre ainsi à une véritable cuisine des funérailles !
Pour Philippe le Hardi, fils de Saint Louis, on utilise près de 18 kg de produit divers aux vertus antiseptiques, hémostatiques ou odoriférantes comme thym, vif-argent, lavande, myrrhe, laurier, safran ou girofle…
Mais il faut bien reconnaître que ces pratiques sont souvent inefficaces. L’autre technique, appelée mos Teutonicus, en raison de ses origines germaniques, consiste à démembrer et bouillir le corps. En France, elle ne se développe réellement qu’à partir de la mort de Louis IX, qui meurt à Carthage de la dysenterie le 25 août 1270. Son corps doit être rapatrié à la basilique Saint-Denis pour y être inhumé. Mais comment le préserver de la putréfaction pendant les mois de trajet ?
Ses serviteurs commencent par procéder à son éviscération. Le cœur, lui, est extrait minutieusement avant d’être couvert de baumes, d’aromates et de bandelettes de lin. Louis IX est ensuite bouilli dans un mélange de vin et d’eau pour faciliter le détachement des chairs et des os. Les premières sont inhumées dans la cathédrale de Monreale en Sicile, tandis que les seconds sont déposés dans un reliquaire, puis ramenés à Saint-Denis.
Au temps de Philippe Auguste, le roi est exposé visage découvert, couronne sur la tête et sceptre à la main, aussi enveloppé d’un drap d’or. Ce procédé souligne son caractère sacré et permet également au peuple de lui rendre hommage quelques jours avant d’être enseveli.
Cependant à partir de la mort de Charles VI, en 1422, et ce jusqu’à la mort d’Henri IV, une effigie funéraire, avec un visage en cire, est mise en place. D’origine anglaise, la première effigie fut utilisée en 1327 pour le roi anglais Edouard II, permettant une exposition plus longue du souverain à qui l'on donne, plusieurs fois par jour, des repas solennels ! Le corps de cire représente vraiment le roi. Il symbolise la continuité du pouvoir royal dans la mort. Le jour de l'inhumation, le cercueil est placé à l'intérieur d'un catafalque et l'effigie sur la plate-forme supérieure.
Le souverain possède alors deux corps : l’un dans un cercueil déposé dans la nécropole royale de Saint-Denis, l’autre qui représente la permanence de la monarchie.
Saviez-vous que, à partir du XIVe siècle, pendant les obsèques, la présence du successeur royal est interdite ? En effet, la France ne peut avoir qu’un seul roi, même s’il s’agit d’une représentation funéraire. Le prochain monarque n’apparaît donc qu’une fois l’inhumation terminée. Le roi est mort, vive le roi !
Le 22 mai 1271, le roi Philippe III le Hardi porte sur ses épaules les ossements de son père Louis IX, futur Saint Louis, sur une partie du chemin depuis Notre-Dame vers la basilique Saint-Denis. Puis une simple dalle de pierre gravée, comme le roi l’avait demandé, est installée au-dessus de sa tombe. Des infirmes venaient en si grand nombre prier et s’allonger sur le sol, espérant un miracle, qu’un service d’ordre dut être organisé ! Vers 1284, une tombe en argent doré, la plus belle du monde selon le chroniqueur Guillaume de Nangis fut installée, contre la volonté du roi, puis fondue pendant la Guerre de Cent ans.
D’autres personnalités royales bénéficient d’obsèques fastueuses. C’est notamment le cas d’Anne de Bretagne, morte au château de Blois le 9 janvier 1514. Ses funérailles durent 40 jours et sont d’une ampleur exceptionnelle. Son époux, Louis XII, en commande à Pierre Choque, héraut d’armes, un récit détaillé. Ce document, qui évoque avec richesse et précision le déroulement des événements, servira de référence pour les cérémonies funéraires royales jusqu’à Henri IV !
Assassiné le 14 mai 1610, Henri IV est autopsié, puis embaumé le 15 mai. Installée sur son cercueil de plomb, son effigie funéraire, un mannequin d’osier vêtu à la royale, avec tête et mains en cire fabriquées à partir du moulage pris sur le cadavre peu après sa mort, est exposée au Louvre. Du 10 au 21 juin, c’est autour de cette effigie vivante, entourée des regalia que se déroule un rituel mimant le roi vivant : on le veille, on assiste à son lever et coucher, on sert et dessert sa table !
Le 30 juin, son oraison funèbre est prononcée à Notre-Dame, puis un cortège processionnel extraordinaire se déploie de Notre-Dame à Saint-Denis : plusieurs centaines de personnes avec en tête les ordres mendiants et 500 pauvres munies de torches. L’enterrement à Saint-Denis devait avoir un aspect imposant et fantastique avec l’effigie qui gisait au centre du chœur haut, flamboyante à la lumière des mille cierges !
Au moment de son propre décès, en 1643, son fils et successeur, Louis XIII, opte pour un cérémonial plus sobre mais dont le faste n’a pas complètement disparu.
En revanche, Louis XIV, qui disparaît en 1715, dispose d’un cortège funéraire grandiose ! Composé de 2 500 personnes, il met dix heures pour relier le château de Versailles à la basilique, ornée de bougies et de tentures de deuil.
Avant le XIIIe siècle, les premières sépultures royales sont identifiées par de simples dalles de pierre gravées. Vers 1265, Louis IX fait réaménager la nécropole et commande une série de seize gisants à la gloire de ses prédécesseurs. Ces sculptures funéraires inaugurent l’importante collection de l’abbaye.
Cette tradition se perpétue jusqu’à la Renaissance. Les corps des souverains sont placés sous des monuments sculptés, véritables chefs-d’œuvre d’architecture. Taillés dans du marbre blanc et posés sur des dalles de marbre noir, les gisants sont majestueux. Regardez ceux d’Henri II et de Catherine de Médicis !
Accordant moins d’intérêt à un monument funéraire dans la basilique Saint-Denis, qui a perdu de son rayonnement politique, la dynastie des Bourbons opte pour des sépultures modestes, bien qu’un projet d’une immense rotonde dessinée par François Mansart eût été préparé. Les Bourbons reposent dans des cercueils de plomb installés sur des tréteaux de fer dans un caveau particulier, aménagé dans la partie centrale de la crypte, où se trouvent aujourd’hui six dalles de marbre.
Le dernier enterrement royal au sein de la basilique est celui de Louis XVIII, en 1824. Suivant les anciens rites funéraires royaux, il est autopsié, puis embaumé. Son cercueil est ensuite amené depuis le palais des Tuileries sur un char funèbre en bois sculpté et en or blanc.
L’histoire de la basilique Saint-Denis est intimement liée à celle des rois de France. Saviez-vous qu’elle est l’une des plus anciennes cathédrales gothiques de France ?