Historia

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Histoire du monument

Connaissez-vous la basilique Saint-Denis, édifiée aux XIIᵉ et XIIIᵉ siècles ? Joyau de l'art gothique et nécropole royale, elle abrite une collection unique de 70 gisants et un ensemble de vitraux spectaculaires. À deux pas de Paris, plongez dans l’aventure millénaire de cette ancienne abbatiale, cathédrale depuis 1966 et aussi lieu de culture.

La basilique cathédrale Saint-Denis, dernière demeure des rois de France

Une nécropole royale, berceau de l’histoire de France

Construite sur la tombe de saint Denis, évêque missionnaire mort vers 250, une première église voit le jour sans doute au Ve siècle.

Dès la mort du roi Dagobert, en 639, et jusqu’au XIXe siècle, l’abbatiale de Saint-Denis accueille la sépulture de 43 rois, 32 reines et une dizaine de serviteurs de la monarchie. Elle devient peu à peu le plus important ensemble en Europe de sculptures funéraires réalisées du XIIe au XVIsiècle. Ce rôle de nécropole royale lui vaut d’être surnommée par un chroniqueur du XIIIe siècle le « cimetière aux Rois ». Au total, le monument abrite aujourd’hui pas moins de 70 gisants   et tombeaux.

En parcourant la basilique cathédrale Saint-Denis et sa crypte, vous croiserez les plus célèbres rois et reines de France. Ils témoignent du pouvoir des plus grandes dynasties françaises, depuis les Mérovingiens jusqu’aux Capétiens, en passant par les Carolingiens. Découvrez les effigies de Dagobert, Pépin le Bref, Anne de Bretagne, François Ier, Louis XVI et Marie-Antoinette, ou encore le tombeau d’Henri II et de Catherine de Médicis !

Basilique Saint-Denis gisants transept
Gisants dans le sud du transept de la basilique cathédrale Saint-Denis

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

Le mythe de saint Denis

Si la basilique est la dernière demeure des rois de France, ce n’est pas un hasard ! Saviez-vous qu’elle abrite l’un des plus importants martyrs chrétiens devenu patron de la France au Moyen Âge ?

Remontons quelques siècles en arrière, à la mort de l’évêque Denis. Celui-ci aurait été missionné pour évangéliser la Gaule, puis martyrisé et décapité par les Romains à Lutèce, au Ier siècle si on en croit la tradition officielle jusqu’au XVIIIsiècle, mais plus vraisemblablement au IIIe siècle.

Sa vie est réécrite au IXe siècle par l’abbé Hilduin de Saint-Denis qui intègre plusieurs anciens récits et légendes dont la plus célèbre,celle de la céphalophorie, affirme que l’évêque aurait ramassé sa tête à Montmartre avant de marcher vers le nord en récitant des prières ! Puis il se serait effondré à Catulliacus (l’actuelle ville de Saint-Denis), là où la basilique fut bâtie.

Très vite, le lieu fait l’objet d’une vénération locale et attire dès la fin du IVe siècle la sépulture de nombreux aristocrates francs et même d'une reine, Arégonde, belle fille de Clovis, vers 580. Puis peu à peu les rois et reines de France se placent sous la protection de saint Denis, espérant ainsi obtenir le salut éternel !

En savoir plus sur les enterrements royaux à la basilique.

Saint Denis portant sa tête après sa décollation, Tympan du portail nord

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

La basilique Saint-Denis : la première abbatiale gothique

En plus d’être intimement lié à l’histoire des rois de France, l’édifice est considéré comme un des berceaux de l’art gothique.

Au XIIe siècle la basilique Saint-Denis s’impose comme un nouveau chef-d’œuvre architectural sous l’impulsion de l’abbé Suger, conseiller de Louis VI et de Louis VII. Elle est peu à peu reconstruite dans un style inédit, avec des principes novateurs pour l’époque, comme les voûtes à croisée d’ogives.

L’église est baignée de lumière, symbole du divin, grâce à une surface vitrée exceptionnelle. Considérée comme une construction majeure de l'art gothique, elle contribuera à la production de nouveaux édifices dans toute l’Europe !

La basilique des XIIe-XIIIsiècles, telle qu’on la connaît aujourd’hui, mesure 108 mètres de long et ses voûtes culminent à 29 mètres. Son immense transept est illuminé par deux roses somptueuses de plus de 12 mètres de diamètre qui servirent de modèle pour Notre-Dame de Paris.

Vue sur la rose Nord

© Serge Santos / Centre des monuments nationaux

Un monument qui a traversé des temps troublés

Pillé pendant la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion, le site connaît des heures sombres, avec notamment la disparition du tombeau de Saint Louis au XVe siècle.

À la suite de la Révolution, en 1792, les moines doivent quitter leurs bâtiments dont la reconstruction vient d’être terminée. En octobre 1793, les corps royaux des Bourbons sont exhumés des tombes en plomb, car la France en guerre a besoin de métal pour fabriquer des balles et en 1794, c’est la Commission des Armes et des Poudres qui ordonne de dépouiller la toiture faite en feuilles de plomb.

Désaffecté, le bâtiment en ruine est plus ou moins exposé aux intempéries durant de longues années. Il est alors transformé en théâtre et en entrepôt de farine et de blé !

Cependant sous l’impulsion de Châteaubriant, au début de l’Empire, Napoléon Ier décide de faire restaurer le monument pour le consacrer à la sépulture des empereurs et rappeler la mémoire des anciens rois. La basilique est sauvée !

Ainsi les corps des rois inhumés avant la Révolution ne se situent donc plus sous les gisants ! La Révolution les a entassés dans deux fosses communes dans l’ancien cimetière au nord de l’église. En 1817, Louis XVIII, le nouveau roi Bourbon, décide de faire rechercher les restes mêlés des souverains pour les inhumer de nouveau dans un ossuaire de la crypte, ancien caveau de Turenne.

Peinture de François-Joseph Heim présentant le transfert des cendres royaux dans la basilique le 18 janvier 1817, huile sur toile, sacristie de la basilique

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

La basilique Saint-Denis, un trésor du patrimoine français

De nombreuses transformations interviennent au cours de la première moitié du XIXe siècle. En 1809, Napoléon signe le décret d’installation de la maison d’éducation de la Légion d’honneur, actuellement encore en place, dans les anciens bâtiments monastiques.

Puis, en 1813, Napoléon Ier charge l’architecte François Debret de la restauration de l’édifice. Un chantier colossal s’ouvre dans l’ensemble du monument : vitraux, façades, sols, voûtes, sculptures sont restaurés. Cependant contestés dès les années 1830, les travaux donnent lieu à des polémiques qui culminent avec la question de la flèche Nord. Le 9 juin 1837, la foudre tombe sur la flèche haute de 90 m, Debret la fait réparer, mais la tornade de 1845 la fragilise de nouveau, ce qui précipite le départ de l’architecte et son remplacement par Viollet-le-Duc.

Eugène Viollet-le-Duc tente de supprimer les interventions de Debret, puis il replace les tombeaux royaux aux emplacements anciens. Il obtient de démonter l’ensemble de la tour nord dès 1847 dans l’espoir de la remonter au plus vite, mais dans le cadre d’un projet très personnel !

Ce projet verra finalement le jour en… 2024, puisque la tour et la flèche nord seront remontées à l’identique dans le cadre d’un projet de valorisation des métiers du patrimoine sous la direction de l’association Suivez la Flèche !

La basilique a été élevée au rang de cathédrale en 1966, lors de la création du diocèse et du département de la Seine-Saint-Denis. Gérée aujourd’hui par le Centre des Monuments nationaux, la basilique Saint-Denis est sans aucun doute un monument symbole de l’histoire de France !
 

Extérieur basilique Saint-Denis et Maison éducation Légion d’honneur
La basilique Saint-Denis et la Maison de l’éducation de la Légion d’honneur

© Pascal Lemaître / Dist. Centre des monuments nationaux